Cet article est un article invité sur le rôle des émotions en entreprise rédigé par Elsa Brager, co-fondatrice de Enoa RH cabinet de recrutement et conseil à Paris et Toulouse.
Dans un monde du travail principalement axé sur la rationalité et la performance, les émotions sont souvent vues comme des éléments perturbateurs.
Parole de recruteuse expérimentée : elles ont pourtant un potentiel insoupçonné!
Nos émotions sont des outils précieux pour comprendre nos motivations internes et prendre des décisions éclairées. Lorsque nous savons les identifier et les gérer, nous pouvons les utiliser comme des atouts puissants.
Explications.
Dans la vie professionnelle, les émotions ont longtemps été reléguées au rang de figurantes, voire d’intruses. Elles méritent pourtant qu’on leur attribue des rôles majeurs.
Qu’on en soit conscient ou non, les émotions sont en effet parties prenantes dans chaque décision, chaque interaction que nous avons dans notre vie professionnelle. Cela, tout simplement parce qu’elles sont, par définition, des réponses psychologiques et physiologiques à des situations données. Il se passe quelque chose, notre esprit et notre corps réagissent ! C.Q.F.D.
Parmi les émotions de base, il y a la joie, la tristesse, la colère, la peur, la surprise, le dégoût. Bien sûr, on pourrait entrer dans une granularité plus fine. Mais ça n’est pas le sujet de l’article. Ce qu’il est important de comprendre ici, c’est que l’émotion agit, parfois sans qu’on en soit conscient. C’est une sorte de boussole interne. Elle nous guide.
Avec elle, on va s’enthousiasmer pour un nouveau projet ou au contraire le fuir. On va favoriser et s’épanouir dans une relation avec ses collègues et/ou sa hiérarchie, ou au contraire l’appréhender, etc..
Et lorsqu’on prend conscience du rôle central des émotions, le champ d’exploration devient fascinant. Analyser la nature de nos émotions, savoir les identifier et les comprendre devient une compétence en plus. Une compétence que je qualifierai d’essentielle.
Longtemps, les émotions au travail ont été vues de manière négative. On a cru (et l’on croit encore souvent) que pour être considéré comme quelqu’un de professionnel, il fallait laisser ses émotions à la porte, mettre son masque et entrer dans l’arène de l’entreprise !
Cette vision a alimenté une sorte de tabou autour des émotions au travail. Pire, ces dernières sont devenues une faiblesse.
En continuant à penser de cette manière, on ignore pourtant une part essentielle de ce qui fait de nous des personnes efficaces et performantes au travail. J’entends par là notre capacité à :
Si l’on pousse la logique jusqu’au bout, ne pas considérer les émotions dans la vie professionnelle peut mener à :
Cela sans oublier que la non-écoute des émotions (ou répression émotionnelle), peut nuire à la santé mentale à plus ou moins long terme.
Heureusement, on observe progressivement un changement de paradigme. Cela à mesure que les recherches mettent en évidence les avantages d’intégrer harmonieusement les émotions dans le milieu professionnel.
Un nombre croissant d’organisations reconnaissent et accueillent les émotions au travail, les voyant comme un symbole de maturité émotionnelle et professionnelle.
Résultat : cette approche conduit à des environnements professionnels plus humains, empathiques et, en fin de compte, plus efficaces.
Le concept d’intelligence émotionnelle (IE), popularisé par le psychologue Daniel Goleman, est central dans les réflexions et les évolutions de notre vision du travail.
L’IE va au-delà d’une simple reconnaissance de nos émotions. Elle implique une compréhension profonde de ces émotions et de la manière dont elles influent sur nos pensées et nos actions. L’IE nous apprend comment nous pouvons gérer nos émotions pour améliorer nos relations avec les autres et notre efficacité professionnelle.
Et la bonne nouvelle, c’est que l’intelligence émotionnelle… Ça se travaille et ça se développe !
Cela peut passer par des pratiques variées : méditation, pratique de la communication non violente, suivi de formations spécifiques en intelligence émotionnelle… Rien d’insurmontable donc. Surtout si l’on considère tous les avantages qu’une entreprise et ses collaborateurs peuvent en tirer.
En travaillant leur intelligence émotionnelle, dirigeants, managers, collaborateurs, collaboratrices obtiennent :
Les leaders et les organisations qui reconnaissent et mettent en valeur l’intelligence émotionnelle favorisent des cultures d’entreprise plus inclusives. Ils boostent la motivation et l’engagement des collaborateurs et collaboratrices. Ces derniers se sentant, de fait, davantage reconnus et valorisés, y compris dans leur dimension émotionnelle.
Au-delà de nos propres émotions, reconnaître et comprendre celles des autres est un aspect fondamental de l’intelligence émotionnelle.
Souvent appelée « empathie émotionnelle », cette compétence nous permet en effet de comprendre les signaux non verbaux et les nuances subtiles de la communication qui révèlent l’état émotionnel de nos interlocuteurs. Et cela peut s’avérer très utile !
En l’utilisant lors de réunions, lors de négociations ou dans nos interactions quotidiennes, nous favorisons une communication plus efficace et plus vraie.
Cela implique :
Encore une fois, cela mérite de s’y intéresser de près, car si l’on adopte une attitude d’adaptabilité émotionnelle, on désamorce davantage de tensions au travail et on encourage la confiance et la coopération dans les équipes.
Finalement, en étant sensible aux émotions des autres et en créant un environnement de compréhension et de valorisation mutuelle, il devient plus facile de gérer la complexité des relations professionnelles. Magique !
Chaque jour, au travail, nous faisons face à des situations complexes. Nos émotions peuvent alors s’intensifier et entraver la résolution efficace des problèmes.
Dans ces situations, la gestion émotionnelle requiert de la résilience personnelle et des compétences interpersonnelles spécifiques.
D’abord il faut rester calme et concentré face à l’adversité, en utilisant des techniques de gestion du stress (comme la respiration profonde, la pleine conscience, la visualisation positive…). C’est un fait : moins on est stressé, plus on garde une perspective claire et plus on prend des décisions réfléchies.
Dans la gestion des situations complexes, la communication joue ensuite un rôle essentiel. En adoptant une attitude claire, assertive et empathique, il est possible de transmettre ses opinions et ses besoins sans créer de tensions émotionnelles.
Finalement, quand le moment sera venu, proposer un feedback constructif permettra à tous/ toutes de s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue.
Si l’on résume, savoir comprendre et apprivoiser ses émotions permet tout simplement d’être plus heureux et plus performant en entreprise.
Autant dire qu’on aurait tort de s’en priver !